France
Ex-Guides de la Garde Impériale / 9e Hussards.


Carte de Visite non signée. Elle porte au dos la mention manuscrite :
"Léon VERGER, Brigadier, 1870, à Auch"


Cette intéressante photo nous amène un précieux témoignage de la Guerre de 1870 - et un petit mystère, la présence de Guides à Auch n'étant pas documentée. On trouve la réponse à cette question dans les états de service de Léon VERGER.


Léon-François VERGER est né le 18 Septembre 1850 à Pont-Audemer (Eure).
D'une taille de 1m63, il a le visage ovale, le front ordinaire, les yeux bruns, nez et bouche moyens, menton rond, cheveux et sourcils châtains.
Il exerce à Pont-Audemer la profession de tanneur lorsqu'il est "appelé, devançant l'appel" le 23 septembre 1870.

Affecté au 2e Hussards, il arrive au Corps le 25 Septembre.
Le dépôt du régiment est alors à Auch.
Le 2e Escadron, auxquels les Registres du 2e Hussards notent que VERGER est affecté, est en fait parti la semaine précédente rejoindre le 1er Hussards de Marche.

Le régiment forme encore un 7e Escadron, qui part le 16 Octobre rejoindre le 4e de Marche Mixte, puis un 8e Escadron, le 29 Novembre - il partira le 4 Décembre rejoindre le 7e Mixte.

VERGER venait de passer Brigadier le 27 Novembre 1870.
son tour viendra début 1871 : le 2 Janvier, un 9e Escadron est formé, auquel VERGER est versé.


Il part le 9 Janvier rejoindre à Châteauroux le 9e Mixte de Cavalerie Légère (Lieutenant-Colonel MASSON), dont il formera le 1er Escadron.
Commandé par le Capitaine GALLET DE SANTERRE, il est composé de 6 Officiers, 136 hommes et 133 chevaux.

Le régiment part de Châteauroux le 17 Janvier - le 1er Escadron embarquant avec le 2e (issu du 2e Chasseurs) en chemin de fer 7 heures du matin, pour arriver à Romorantin le soir.

Ces escadrons rétrogaderont sur Vierzon le lendemain, où ils rejoignent les deux autre escadrons du régiment.

Le 20 Janvier, le régiment est passé en revue par le Général commandant le 25e Corps.
S'ensuivront jusqu'au 22 des journées d'instruction au tir à la cible à cheval, à l'école de tirailleur... laissant penser que l'inspection n'a pas été fameuse !

Le 23, le régiment repart sur Romorantin.
Le 24, les 1er et 2e Escadrons poussent une forte reconnaissance jusqu'à Vernon - ils apercevront des détachements de Uhlans.


Le 27, le régiment se fractionne pour aller occuper Tour en Sologne (3e Escadron), Cellettes (1er et 2e Escadron), et Seur (4e Escadron).
L'avant-garde de ces trois derniers escadrons rencontre 200 à 300 Uhlans sur la route de Cellettes :

"Pendant que le 1er escadron faisait cesser le feu de l'ennemi, le lieutenant-colonel se porta en avant et s'aperçut que le village était fermé par une première barricade derrière laquelle les tirailleurs ennemis s'étaient retirés. Dans cette position difficile, craignant en faisant faire demi-tour à sa colonne, d'amener un désordre presque inévitable parmi les jeunes recrues qui voyaient le feu pour la première fois, le lieutenant-colonel fit sonner au trot et s'élança en avant.

ATTAQUE DU PONT DE CELLETTES. - Il fut suivi avec entrain par le 1er Escadron, sous le commandement de M.GALLET DE SANTERRE, capitaine commandant, qui avait sous ses ordres le 4e peloton de son escadron, commandé par le sous-lieutenant DE SAINT-JULIEN.
Ce peloton était suivi de près par les trois autres du 2e Escadron, sous les ordres du capitaine DUBOIS, et par le 4e Escadron commandé par le capitaine HAUDECOEUR.
Devant cette attaque impétueuse, la première barricade fut abandonnée par l'ennemi qui s'enfuit après nous avoir fait essuyer une décharge de mousqueterie. Cette barricade fut aussitôt franchie par les Hussards, une deuxième barricade plus importante que la première avait été établie par l'ennemi au milieu du pont ; elle fut abordée au galop; mais le mauvais état du sol d'une part, et surtout le feu nourri des fantassins prussiens qui s'étaient embusqués au nombre de 200 dans les maisons qui dominent le pont, sur la rive opposée du Beuvron, empêchèrent de franchir cette deuxième barricade, malgré l'élan de trois retours offensifs des escadrons, et la vive fusillade par laquelle les cavaliers répondaient au feu de l'ennemi. La colonne d'attaque fut obligée de se retirer. La retraite s'opéra au pas et en bon ordre sur Corneray, les derrières étant protégés par le 2e Escadron qui, sous les ordres du capitaine DUBOIS, se déploya en tirailleurs.
Dans cette affaire, le sous-lieutenant DE SAINT-JULIEN fut blessé mortellement en chargeant très bravement à la tête de son peloton, il avait été traversé par une balle reçue en pleine poitrine. Les pertes ont été en outre de 1 brigadier tué (DELCOURT), 7 cavaliers blessés, de 11 chevaux tués et 14 blessés.
L'ennemi a perdu plusieurs hommes et a évacué Cellettes immédiatement. Les tirailleurs du 1er Escadron ont fait 3 prisonniers."


Le régiment éclairera ensuite les colonnes d'attaque dirigées sur Blois, et assistera au Combat de Blois le 28 Janvier.
Le 3 Février, par suite de l'armistice, le régiment se rend à Romorantin.
C'est la fin de la guerre, et le 9e Régiment de Cavalerie Légère Mixte se rendra à Lunel - où les deux premiers Escadrons arrivent le 31 Mars.

Le 1er Avril, le 9e Régiment de Cavalerie Légère Mixte est licencié ; ses éléments, avec ceux de l'ex-régiment des Guides, servent à la formation du 9e Hussards.

VERGER passe dans la réserve le 3 Octobre 1871, "comme fils aîné de femme veuve".
Il se retire à Pont-Audemer.


Il semble donc que la photo ait en fait été prise à Lunel, à la fin de la Campagne.
VERGER aura été équipé des effets de l'ex-régiment des Guides (ceux-ci seront portés jusqu'à usure encore quelques années après la guerre).
La mention de "Auch" aura été une confusion avec son lieu d'incorporation au 2e Hussards.